La bienveillance est parfois difficile à définir et à appréhender. Pour faire simple, les gens la confondent avec la gentillesse, lui collent volontiers une image de « licorne à paillettes » ou de « bisounours ». Cela permet de la galvauder et de ne pas trop se poser de questions sur ce que cela revêt réellement.

A mon sens, la bienveillance est avant tout un état d’esprit, un chemin intérieur, qui naturellement se traduit en paroles et en actes.

Simone Veil l’a très justement dit : Les erreurs ne se regrettent pas elles s’assument. La peur ne fuit pas, elle se surmonte. L’amour ne se crie pas, il se prouve. »

En bienveillance comme en amour, pas besoin de le crier sur les toits pour incarner ce mot. En revanche, voici quelques signes concrets (liste évidemment non exhaustive !) d’une attitude bienveillante envers les autres… et soi-même !

 

#1 –  La politesse et le respect

Normalement on apprend ça… au plus tard en maternelle… Pourtant, nombre de personnes envoient des mails ou entrent dans les bureaux de leurs collègues sans même un « bonjour ». Pris dans l’engrenage d’un rythme soutenu, ils en oublient la base des relations saines. Ils en viennent directement au fait, à leur problème, ou leur besoin. L’Autre n’est plus un autre humain, mais une ressource pour atteindre son objectif ou résoudre son problème.

Pourtant, dire « bonjour », « s’il te plaît », et surtout « merci » à notre interlocuteur, c’est le reconnaître comme son semblable, en tant qu’être humain, ni plus ni moins. Cela permet d’établir une communication saine, élément indispensable de toute vie en société.

 

#2 – L’écoute attentive

Entendre n’est pas écouter. Entendre prouve uniquement que l’ouïe fonctionne et que l’on est en mesure de percevoir des sons et des bruits. L’écoute indique une volonté. La différence entre les 2 est très importante.

Imaginez. Vous croisez un collègue dans le couloir « Salut ! Ça va ? » Et vous continuez de marcher pendant qu’il ou elle vous répond. Vous n’écoutez pas. Vous entendez, vaguement, que ça va… Alors que sa phrase était « ça va moyen en ce moment. Grosse pression pour sortir le projet, on est épuisés dans l’équipe ».

L’écoute révèle un intérêt pour un sujet ou une personne. Ecouter quelqu’un, c’est lui porter une réelle attention, et essayer de comprendre ses enjeux, son point de vue. Sans cela, il est difficile de répondre à sa question, ou de donner un avis si on vous le demande.

La bienveillance consiste à bien entendu poser la question, mais surtout à écouter la réponse ! Cela ne signifie pas que l’on doit nécessairement, ni même que l’on peut aider ce collaborateur fragilisé, simplement lui laisser la possibilité d’exprimer son ressenti. Et croyez-moi, c’est déjà colossal !

Si je gagnais 1 euro à chaque fois que j’entends « merci pour votre écoute et votre attention» dans mes ateliers et séminaires, je serais sûrement déjà millionnaire…

 

#3 – La fiabilité

Ici, c’est très simple : faire ce qu’on dit et dire ce qu’on fait. (Et non pas, « fais ce que je te dis mais pas ce que je fais « )

Etre transparent sur ses compétences. Cela permet à votre entourage de savoir s’il peut ou non faire appel à vous pour tel ou tel projet. Si un collaborateur fait des promesses non tenues, non seulement il met en péril l’entreprise, mais ses collègues ne lui feront plus confiance. Il se met tout seul au placard.

 

#4 – La ponctualité

Votre planning est chargé. Le planning de tout le monde l’est. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’humain a horreur du vide, y compris dans l’agenda, et fait donc tout pour le remplir.

Les journées font 24 heures pour tout le monde, et votre temps n’est pas plus précieux que celui de votre interlocuteur (plus rémunérateur peut-être mais cela n’est pas une excuse recevable).

Une personne réellement bienveillante aura à cœur de respecter son planning autant que celui des personnes qu’elle côtoie. Cela nécessite d’anticiper, de prévoir également des zones – tampons. Et de prévenir le plus tôt possible quand, malgré toutes ces précautions, le retard est inéluctable.

 

#5 – Le calme

Qui n’a jamais subi les foudres d’un collègue ou manager dont les consignes n’ont pas été respectées ? Ses cris et claquements de porte ont-ils changé le résultat ?

Face à une demande non satisfaite, une personne bienveillante saura garder son calme et adapter sa réaction émotionnelle aux enjeux et au cadre dans lequel il se situe. Hurler ne lui fera pas obtenir gain de cause dans l’immédiat. En revanche, exprimer sa déception voire sa colère calmement, et essayer de trouver les causes du problème lui permettront de ne plus reproduire ce schéma inefficace.

 

#6 – La règle d’or

Cette règle de vie en société est essentielle pour des relations saines et sereines, qu’elles soient professionnelles ou amicales.

Elle tient en une phrase : Ne pas faire aux autres ce qu’on ne voudrait pas qu’on nous fasse.

Comme nombre des managers et dirigeants qui participent à mes séminaires, vous pouvez objecter que cela ne sert à rien, car nos valeurs sont différentes de celles de nos collaborateurs, et nos façons de nourrir des valeurs identiques le sont tout autant. Certes.

Sauf qu’en n’appliquant pas la règle d’or, la première personne impactée n’est autre que… soi-même ! Faire une croix sur une de ses valeurs fondamentales revient à renier une partie de soi. Les autres s’en chargent en général avec suffisamment de succès pour ne pas en rajouter.

 

#7 – La résilience

La résilience peut être définie comme la capacité à surmonter les chocs traumatiques. La résilience est la capacité pour un individu à faire face à une situation difficile ou génératrice de stress. Cet « art de naviguer entre les torrents », selon Boris Cyrulnik, permet aux personnes bienveillantes de prendre soin d’elles mais aussi des autres, de permettre à une équipe de trouver les ressorts pour se remobiliser et avancer après un échec.

 

#8 – L’empathie

Une personne bienveillante (réellement bienveillante, pas seulement polie car intéressée) témoigne de l’empathie à ses interlocuteurs. Sans verser dans une empathie qui la fait souffrir ou lui fait tout le temps porter secours, elle est capable de comprendre, soit de manière intuitive ou plus rationnelle, ce que ressent la personne qui lui parle… (Parce qu’elle l’aura aussi écoutée, évidemment…)

Un manager bienveillant dira « J’ai bien compris que ton souci avec ton fournisseur te met en colère, de quels leviers dispose-t-on pour faire bouger les lignes ? » plutôt que « que tu sois en colère ou non ne va pas faire avancer la date de livraison, débrouille-toi ! »

 

Conclusion

Vous l’avez compris, la bienveillance se traduit au quotidien par des paroles et des actes, des preuves, en somme. Le collègue ou manager bienveillant n’est aucunement la « bonne poire » corvéable à merci, mais celui qui a à cœur le bien-être de tous, y compris le sien.

Vous avez encore des doutes ? Peut-être avez-vous déjà connu des situations extrêmement difficiles, même ponctuellement (licenciement « injuste », burn-out qui s’annonce, sanction…), vers quel collègue se tourne-t-on alors ? Pas forcément le plus proche, mais vers celui que vous saviez bienveillant.